Grand Prix 2005 CARE International du Reportage Humanitaire soutenu par sanofi-aventis

Il y a quelques années, j’ai commencé à photographier la détresse des milliers de personnes qui essaient d’atteindre la côte des Iles Canaries où je vis, au péril de leur vie, et je n’ai pas cessé d’être le témoin de cette tragédie humaine qui se répète avec une régularité déconcertante.

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Cette longue et périlleuse odyssée commence, en général, en Afrique occidentale lorsqu’ils quittent leur pays d’origine ravagé par la famine, la guerre, l’exploitation et les trafics. Bien avant d’atteindre la côte africaine, un grand nombre d’entre eux meurent en traversant le désert. Si ce n’était les récits de parents ou de compagnons de voyage plus chanceux, personne ne saurait jamais ce qu’il est advenu d’eux. Pour certains, il faut des années avant de pouvoir entreprendre la traversée des cent kilomètres d’océan qui séparent le continent africain de l’archipel espagnol. Ils naviguent dans de frêles esquifs de moins de six mètres de long. La plupart de ces embarcations sont interceptées ou secourues par des patrouilles de garde-côtes espagnols ou d’autres navires de sauvetage, mais certains de ces bateaux de fortune surchargés chavirent en plein océan. D’autres se perdent et le bateau se met alors à dériver, condamnant ses occupants à une mort lente et certaine s’ils ne sont pas secourus à temps. Des milliers d’êtres humains se sentent obligés d’entreprendre ce dangereux périple imposé par le filtre cruel de l’Europe.

Juan Medina

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