Ces images font partie d’un sujet en développement, commencé le 11 septembre – intitulé Homeland. En explorant la vie des Américains, ces photos cherchent à définir le sens du militarisme, de la sécurité et de l’identité.

Mes explorations m’ont amenée à photographier… des bombardiers des Forces aériennes lors d’un week-end estival, faisant les clowns devant un groupe de personnes qui se dorent au soleil ; des familles joyeuses en banlieue avec des boîtes de pilules anti-nucléaires à la main ; des policiers dans un petit bled lors d’un stage anti-terroriste ; et des scènes de recrutement qui transforment des enfants tout sourire en tueurs potentiels.

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A travers les Etats-Unis, on voit souvent des exercices de simulation : des milliers de participants deviennent acteurs de diverses mises en scène de guerre coûtant des millions de dollars : des terroristes islamistes transportant une bombe nucléaire, des terroristes islamistes en train de détourner un avion, des bio-terroristes, des terroristes munis de bombes chimiques, des terroristes qui prennent en otage un autobus d’écoliers ou des terroristes qui s’attaquent à une galerie marchande… Il existe même un camp pour jeunes délinquants qui apprennent à réagir face à une attaque terroriste.

Certaines de ces manifestations ont l’air d’une performance, d’une représentation théâtrale subventionnée par l’Etat, où le théâtre remplace le réalisme, inculquant aux participants une forte conscience de leur identité et de leur valeur par le biais de cette expérience à caractère militaire. Ce qui m’intéresse par-dessus tout, c’est cette identité, cette ambivalence située entre le réel et le fictif, si emblématique des discours politiques depuis le 11 septembre.

J’ai mis ce projet en chantier après avoir passé les dernières années à photographier des exemples violents des coûts humains de la guerre. Plusieurs militaires blessés, que j’avais photographié, m’ont expliqué qu’auparavant ils étaient persuadés que la guerre serait « fun », qu’ils avaient regardé la première guerre du Golfe à la télévision et l’avaient trouvée impressionnante.

Plutôt que de continuer à présenter la réalité de la guerre, il me semblait utile de montrer ses fantasmes, le marketing qu'elle génère et l'empreinte de l'esprit militariste chez les Américains.

Nina Berman

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