Haïti figure parmi les pays les plus pauvres de la planète. L’incurie des gouvernements successifs, la protection à tout prix des intérêts d’une infime minorité et la surpopulation maintiennent la grande majorité du peuple haïtien à un niveau de développement extrèmement bas.

En dépit du retour à la démocratie il y a trois ans, les conditions de vie des haïtiens ne s’améliorent guère et l’impasse politique qui prévient depuis dix-huit mois la formation d’un gouvernement est un facteur de mécontentement grandissant au sein de la population.

L'extrême pauvreté et la bidonvillisation de l'habitat, renforcées par un exode rural significatif, suscitent une criminalité importante.

Le système judiciaire haïtien est incapable de gérer la quantité d'affaires criminelles qu'engendre cette conjoncture. Les suspects arrêtés, parfois sur simple dénonciation, doivent attendre plusieurs mois, voire plusieurs années avant d'être entendus par un juge d'instruction qui le plus souvent ne peut, faute de moyens, ordonner aucun devoir supplémentaire d'enquête...Les juges étant sous-payés, les cas de corruption sont hélas nombreux.

Plus grave encore, les affaires correctionnelles ne sont amenées qu'une fois par an au maximum devant le tribunal; la majorité des détenus n'ont donc jamais été jugés et peuvent rester deux ou trois ans en détention préventive pour un soupçon de délit mineur.

La surpopulation carcérale, en augmentation constante, est devenue aujourd'hui un problème incontournable. L'Administration Pénitentiaire Nationale (APENA) quoi que soutenue par de nombreuses organisation internationales, peine à assurer des conditions de détention supportables pour les milliers de détenus haïtiens en rupture de justice.

La nourriture, principalement du riz avec un peu de sauce, de viande ou de sardines, est très médiocre et l'origine de nombreux problèmes de santé. Seuls les prisonniers dont la famille vit à Port-au-Prince voient parfois leur ordinaire amélioré par des aliments frais, des vêtements et un peu d'argent; pour les autres, c'est le dénuement le plus total.

Le dispensaire de la prison est rudimentaire et beaucoup de prisonniers ne peuvent payer les médicaments qui leur sont prescrits. La mortalité y est très importante.

La réforme de ce système judiciare indigent doit devenir une priorité pour le gouvernement haïtien et la communauté internationale, afin d'apporter l'espoir à ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, abandonnés dans leur longue attente de Justice

Bruno Stevens

Bruno Stevens

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