Génération AK – l’Afghanistan ou la liberté à l’épreuve, 1993-2008, est une rétrospective d’images de ce pays que Stephen Dupont a couvert durant toutes les étapes de son histoire récente, de la guerre civile et la montée des talibans dans les années 1990, au lancement de l’opération Enduring Freedom et à la guerre en cours contre le terrorisme. Dupont a réalisé une grande partie de ce travail en finançant lui-même ses voyages, ou envoyé par une des dernières petites agences photographiques indépendantes, Contact Press Images, qu’il a intégrée en 1997. Lors de son dernier séjour, il a survécu à un attentat-suicide alors qu’il accompagnait une équipe d’éradication du pavot à Kaboul.

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À une époque où l’on ne sait plus fixer son attention, Dupont a suivi le conflit en Afghanistan avec constance, même lorsque ce dernier ne faisait pas la une des journaux, et c’est ce qui donne du poids et de la cohérence à son travail. Grâce à ce regard inscrit dans la durée, il a pu produire une série d’images fortes qui montrent comment la vie continue pendant une guerre qui n’en finit pas (notamment chez les membres de l’Alliance du Nord), ainsi que des images individuelles qui ont contribué à définir et modifier la nature de cette guerre.

Depuis 2001 et la défaite initiale des talibans sous l’offensive menée par les États-Unis, Dupont s’est également intéressé aux effets du trafic de drogue, en pleine expansion en Afghanistan – le pays fournit aujourd’hui plus de 90 % de l’opium consommé dans le monde. De récents reportages dans les médias l’ont clairement montré, l’augmentation de la consommation d’héroïne est étroitement liée à la prolongation du conflit ainsi qu’au retour en force des talibans, et au terrorisme en général.

Les photos d’Afghanistan, qui font partie d’un ample projet multimédia pour lequel Dupont a reçu le prix Eugene Smith de la Photographie Humanitaire en 2007, décrivent, du point de vue des toxicomanes, l’horreur de la vie dans un narco-État. À l’instar des autres reportages de Dupont, ce projet révèle le caractère relatif de la liberté dans l’Afghanistan libéré, et les risques qui l’accompagnent. Ce ne sont pas là des images faciles. Elles sont parfois douloureuses à regarder, posent des questions difficiles sans apporter de réponses simples. Comme sait le faire le bon photojournalisme, elles nous ouvrent les yeux par leur honnêteté sans faille. Pour citer Sayed Reza, l’héroïnomane de 23 ans protagoniste du film de Stephen Dupont et Jacques Menasche, Stoned in Kabul (Défoncé à Kaboul) : « C’est la vérité. Ce n’est pas un mensonge. » Le film suit Reza et son frère Hussein dans leurs efforts pour se faire admettre en cure de désintoxication dans un hôpital psychiatrique. Reza, parlant de la démarche du film à son frère, lui dit : « L’heure n’est pas aux histoires. »

Stephen C. Pinson

Conservateur pour la photographie - The Robert B. Menschel Département Miriam and Ira D. Wallach des Arts, Gravures et Photographies

Stephen Dupont

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