J’avais douze ans en 1975 quand la guerre a commencé dans mon pays. J’ai grandi sur la ligne de démarcation au rythme des bombes et des francs-tireurs, j’aurais pu prendre les armes mais c’est un boîtier que j’ai choisi 5 ans plus tard. L’inconscience de l’âge m’a permis de flirter avec la mort et d’immortaliser des moments du Liban qui se déchire, des affrontements entre chrétiens et musulmans, voitures piégées, naissance du Hezbollah, occupations diverses, puis étripage inter-chrétien. Jusqu’à l’incompréhension, jusqu’au dégoût et malgré l’angoisse d’avoir un jour à faire la photo d’un proche tué par un franc-tireur ou l’explosion d’une voiture piégée dans mon quartier. Puis plus tard la libération ou l’incapacité à rester neutre.

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Ma mission à Jérusalem, quand le gouvernement à l’époque occupait en partie mon pays, était un défi aussi bien professionnel que personnel. J’ai rencontré deux peuples qui revendiquent la même terre, une terre où l’on m’a jeté mes origines au visage, une terre où la pierre compte plus que les hommes. Je suis à Bagdad quand les bombes pleuvent, à partir de mars 2003, sur une armée sous-équipée, le régime tombe et la foule est en liesse ; quelques mois plus tard les irakiens découvrent une armée d’occupation, une autre guerre éclate. Le rejet de « l’étranger » par les insurgés et la peur de l’enlèvement me feront découvrir « l’embedment » avec les marines, à Ramadi et lors de l’assaut de Falloujah. Une drôle de situation où journalistes et militaires ne font qu’un. L’Iran terre de contrastes et de mystères. Charlie Chaplin y côtoie l’Imam Khomeyni. Des campagnes électorales y sont organisées au rythme de musiques techno, des lieux saints sont transformés en bureaux électoraux et les filles y sont voilées dès l’âge de neuf ans.

Patrick Baz

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