Au coeur du Sahara, il existe un endroit, fantasque, rappelant que ce désert n’a pas toujours été une zone aride et nue : le massif de l’Ennedi , tel un château d’eau oublié, abrite dans ses gorges secrètes des bassins d’eau appelés “guelta”.

L’Ennedi a un grand frère au nord, le mythique Tibesti et son volcan l’Emikoussi, véritable phare du Sahara qui éclairait les eaux d’une immense mer intérieure aujourd’hui réduite au lac Tchad.

Alimentées par des sources souterraines, ces gueltas sont le dernier refuge d’une faune et d’une flore que le désert semblait avoir englouties. On y lit à ciel ouvert tout le passé du Sahara, et c’est là que subsistent les vestiges d’un “ âge d’or tropical “.

Longtemps tenues à l'écart des routes pendant 25 ans de guerre, ces gueltas sont devenus accessibles, et nous confirment l'existence des miraculés de la préhistoire, une dizaine de crocodiles piégés par l'assèchement progressif du lac Tchad, nanifiés, comme racornis par l'abstinence et la solitude, ces survivants ignorent tout du lac et des fleuves où vivaient leurs ancêtres, le miracle est qu'ils aient traversé ici quatre mille ans de sécheresse.

Il n'est pas sur cette planète deux arches comme celle d'Aloba, grandiose et gracile, d'une puissance et d'une élégance inouïes. Le massif se présente comme une succession de murailles de grès brun, auxquelles une érosion spectaculaire donne un aspect particulièrement chaotique : dédale de canyons, de plateaux, de failles, labyrinthes d'arches, de pitons, de cheminées de fée.

Autour des points d'eau, l'homme (les éleveurs Bideyat) et la nature cohabitent dans le respect, ou la crainte de l'autre, et dans un même instinct de survie.

Philippe Lafond

Philippe Lafond

portrait_lafond.jpg
Voir les archives