Ils sont les messagers des Dieux : Allah, Taleju, Bouddha… Ils ont moins de 14 ans, parfois même à peine 4. Et pourtant, ils rassemblent des foules par milliers et suscitent autant de ferveur que de fascination. A l’aube du XXI siècle, nous sommes partis à la rencontre de ces petits êtres à part qui sont les nouveaux messies du millénaire.

Considérés comme des dieux vivants, ces enfants sont livrés à la ferveur des fidèles. Muselés dans leur solitude, adulés par les foules, bercés par le va-et-vient des prières et des chants, ils sont les intercesseurs entre le monde humain et le monde divin. Ainsi le Sheikh Sharif, 14 ans, messager d’Allah prêchant la parole du Prophète en terre d’Afrique depuis l’âge de sept ans. Ainsi, la Kumari de Bhaktapur au Népal, déesse vivante de trois ans et demi, prêtant son corps et son âme à la déesse sanguinaire Taleju. Ainsi le “Rimpoche” Ugyen, un “réincarné” âgé de 11 ans “dans cette existence”, vivant seul avec son maître bouddhiste, depuis son intronisation il y a huit ans, dans un ermitage aux confins du Bhoutan…

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Partir à la recherche de ces enfants “habités”, au regard noir et profond, immobile et sans âge, c’est aussi entreprendre un voyage dans le temps, à rebours. Du présent vers le passé. C’est entrer dans le panthéon des dieux, gagner l’autre rive du fleuve conduits par l’innocence et la pureté de ces enfants élus.

Seuls parfois des éclats de rires cristallins les rattachent au monde de l’enfance. Tour à tour enfants divins et dieux enfantins, ils imposent le respect autant que la crainte à leurs fidèles et suscitent une adoration sans partage.

Alors, pour le voyageur égaré dans ces ailleurs mystiques, force est de s’incliner devant autant de ferveur. Ces êtres hors du commun nous fascinent mais on peut aussi s’interroger sur le pouvoir des hommes qui leur imposent ce rôle. Peut-on, au nom d’un dieu, voler l’insouciance de l’enfance ?

Virginie Luc

Ces photographies sont l’aboutissement de la collaboration d’un photographe et d’une journaliste, Virginie Luc, sans qui ce reportage n’aurait jamais pu voir le jour. Je tiens à la remercier pour cette idée dont elle est à l’origine, son regard et sa confiance.

Jérôme Delafosse

Jérôme Delafosse

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