Visionnez la rencontre avec Ad van Denderen, modérée par Caroline Laurent-Simon https://cloud.imagesevidence.com/index.php/s/bmWMHoQJ69dSkep

Durant sa longue carrière dans la photographie documentaire, le photographe néerlandais Ad van Denderen a tellement voyagé pour ses projets qu’il était en quelque sorte toujours « en route ». Le titre de son exposition fait également référence à une autre dimension, plus importante encore peut-être, de la notion d’être en route.

Ad van Denderen cherche depuis toujours de nouvelles manières de créer une image, de faire la différence. La profondeur et la ténacité avec lesquelles il s’est souvent concentré sur un seul sujet pendant des années sont particulièrement remarquables. En tant que photographe, il s’intéresse à la vie quotidienne de personnes dans des situations de conflit. Dans un monde de plus en plus complexe où les perceptions du photojournalisme évoluent, il s’aventure au-delà des idées reçues et, plutôt que de rechercher les sujets d’actualité, se concentre sur une situation et ses mécanismes sous-jacents. Ad van Denderen a développé sa propre signature photographique narrative, puis est passé, vers l’an 2000, à un langage visuel plus conceptuel.

Avec cette nouvelle approche, il a repoussé les limites de la photographie documentaire. La réflexion et la représentation sont devenues plus importantes que l’enregistrement. Il a fallu trouver de nouvelles utilisations des techniques photographiques et de nouvelles façons de présenter son travail. Il est passé du noir et blanc à la couleur, d’un appareil photo 35 mm à un moyen-format, et de la page imprimée d’un magazine aux murs d’un lieu d’exposition. Il est frappant de constater que les sujets qu’il traite depuis tant d’années, tels que les migrations et les conflits géopolitiques, sont toujours d’actualité.

Son premier grand projet documentaire, Incarcerated (1978-1979), portait sur un centre de détention à Amsterdam, où il a pris part à la routine quotidienne et s’est lié d’amitié avec certains de ses codétenus. Un autre de ses projets initiaux portait sur la fermeture des mines de charbon de Winterslag et de Waterschei en Belgique : Genk, a new home (1987-1988). Les mineurs venaient de toute l’Europe et, après avoir perdu leur emploi dans les mines, ne sont pas retournés dans leur pays d’origine.

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Depuis 1993, Ad van Denderen s’est rendu à de nombreuses reprises en Israël et dans les territoires palestiniens occupés par Israël. Il a utilisé son appareil photo pour rendre compte de la situation dans cette région de plus en plus complexe, photographiant les attentats suicides et l’Intifada, et montrant comment les Palestiniens et les Israéliens tentaient de cohabiter au quotidien dans ces circonstances. Ce reportage a été publié sous la forme d’un livre photo, Peace in the Holy Land (1997). Dans son projet Stone (2017), les pierres sont un élément qui relie : les pierres de l’Intifada, du mur de séparation, les pierres pour construire la ville palestinienne de Rawabi, le mur des Lamentations et la ville de Baladia pour les forces de défense israéliennes. Son approche était alors plus conceptuelle : « Pour moi, la pierre était une métaphore des événements en Cisjordanie. Les pierres peuvent être une arme ou un obstacle, mais elles peuvent aussi offrir un abri. »

En 1990, Ad van Denderen s’est rendu en Afrique du Sud dans la ville aurifère de Welkom, dans une région connue pour ses tensions entre Noirs et Blancs, et où le Mouvement de résistance afrikaner d’extrême droite (AWB, Afrikaner Weerstandsbeweging) était dominant. Vingt-cinq ans après la publication de Welkom in Suid-Afrika, le photographe y est retourné pour travailler sur un projet de collaboration avec Lebohang Tlali, qui a grandi dans un township de Welkom. Le livre Welkom Today a été publié en 2019. La série Go No Go couvre la période de 1988 à 2001 au cours de laquelle il a parcouru les frontières de l’Europe et a été l’un des premiers photographes à être témoin des expériences effroyables et des scènes bouleversantes de la migration.

Dans So Blue, So Blue - Edges of the Mediterranean, le photographe a documenté les vastes changements économiques, politiques, sociaux, religieux et écologiques autour de la Méditerranée. Ce ne sont pas des personnes qui figurent au premier plan, mais plutôt des acteurs dans un paysage qui porte la trace des activités humaines.

Frits Gierstberg Conservateur, Nederlands Fotomuseum, Rotterdam, Pays-Bas

Ad Van Denderen

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Han Singels
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