Qui aurait pu supposer, fin mai 2013, qu’une manifestation de cinquante écologistes opposés au projet de reconstruction d’un édifice historique sur le site du parc Gezi, la caserne Taksim, se transformerait en réaction massive du peuple turc ? Mais cette fois les revendications ne concerneraient plus seulement un parc et ses arbres, elles dépasseraient l’opposition au projet immobilier pour se muer en manifestations contre le gouvernement.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, accusé de dérive autoritaire, était déjà la cible de critiques de plus en plus nourries. Le peuple turc a saisi cette occasion pour faire connaître ses préoccupations à propos de la liberté de la presse, de la liberté d’expression, de la liberté de réunion, et de la manière dont le gouvernement mettait progressivement à mal la laïcité de l’État.

Le Premier ministre a qualifié les manifestants de çapulcu (« pillards »), et le peuple lui a répondu qu’il revendiquait simplement ses droits.

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Des dizaines de milliers de manifestants, toutes tendances politiques confondues, se sont massés à Istanbul sur la place Taksim et dans d’autres villes du pays, réclamant haut et fort l’avènement d’une Turquie meilleure. La riposte du gouvernement a été vive et brutale.

La police est entrée en force sur la place, à grand renfort de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc, de gaz poivre et de canons à eau, faisant des centaines de blessés parmi les manifestants. Après l’évacuation du parc Gezi par la police, au terme de semaines de manifestations, des protestataires silencieux ont fait leur apparition.

Cette nouvelle forme de protestation – l’homme ou la femme debout – a été lancée par un manifestant isolé, qui est resté debout, immobile, sur la place Taksim, pendant des heures, le regard fixé sur un portrait de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie, et sur les drapeaux turcs qui flottent sur le Centre culturel Atatürk, synonyme d’espoir pour l’avenir.

Angelos Tzortzinis

Angelos Tzortzinis

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