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Des voix s’élèvent derrière le mur
Mugur Varzariu
Il y a douze ans, lorsque le début de ce reportage a été projeté au Campo Santo, j’étais loin d’imaginer que mon travail photographique allait permettre, en quelque sorte, de dévier le cours des événements. Comme pour clore une boucle à l’endroit où tout a commencé, ici à Perpignan, je partage cette histoire : elle est la démonstration que la photographie, outre sa puissance narrative, a une valeur de preuve légale et de témoignage, vouée à faire changer les mentalités et, parfois, déclencher une issue positive.
En 2011, j’apprends qu’un mur va être construit pour isoler un quartier rom à Baia Mare, petite ville au nord-ouest de la Roumanie. Ce mur de ségrégation est une initiative du maire de la ville, Catalin Chereches. Au début, ce dernier ne cache pas ses intentions de nettoyage ethnique et de déplacement massif de la population rom de la région, se ravisant par la suite pour ne pas être accusé de racisme.
Je réalise alors que les épisodes de discrimination et de déplacements injustifiés et illégaux qui touchent les Roms dans mon pays sont bien plus répandus que je ne pouvais l’imaginer. Je continue mon enquête et, entre 2011 et 2012, je m’intéresse au plan de démantèlement du camp rom de Craica à Baia Mare, au relogement d’une partie de la population dans l’usine chimique de Cuprom, ainsi qu’aux innombrables fausses promesses de dédommagement de Chereches.