En République Démocratique du Congo (RDC), une décennie de conflits armés a laissé un pays exsangue. Aujourd’hui encore, la population continue de souffrir au quotidien des conséquences du conflit, maladies, malnutrition, sous-développement, mais aussi du fait des violences meurtrières qui se poursuivent.

En 2006, la RDC s’était finalement engagée dans un processus de restauration politique passant par l’organisation des premières élections démocratiques. Un processus de réconciliation politique, fondé sur une large immunité des principaux acteurs du conflit, a rapidement handicapé la reconstruction du pays. Ce handicap s’est trouvé aggravé par l’échec de la démobilisation des miliciens et celui de la constitution d’une armée nationale nouvelle, fondée sur le brassage des anciens groupes armés. C’est surtout dans l’est du Congo, en Ituri et au Kivu, régions regorgeant de richesses minières et frontalières de l’Ouganda et du Rwanda, que la situation était, et reste, la plus dramatique et la plus meurtrière même si le reste du pays (Bas Congo et Nord Katanga notamment) n’est pas à l’abri de ces fléaux mais dans de moindres proportions.

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En 2007, 437 000 personnes ont dû fuir leurs villages à cause des combats, des viols, de l’enrôlement forcé d’enfants et des exactions perpétrées par toutes les parties. Le recours, de manière délibérée et ciblée, du viol comme arme de guerre pour terroriser et humilier la population à travers un groupe vulnérable a profondément attaqué les valeurs fondamentales de la communauté.

Une des conséquences méconnues de ce conflit est l’afflux massif des Congolais dans les «Eglises de réveil». Le succès de ces églises et de leurs pasteurs peu scrupuleux est dû principalement à l’exploitation du désarroi d’une population livrée aux difficultés de la vie quotidienne. La destructuration profonde du tissu économique et social leur permet de donner des réponses illusoires mais provisoirement réconfortantes. Dans la capitale, Kinshasa, on estime aujourd’hui que la moitié de la population fréquente une des 8 000 églises dites de « réveil ».

La présence et l’émergence des différents conflits au pourtour de la République Démocratique du Congo (Somalie, Tchad, Soudan, Erythrée…) combinées aux « succès » des élections font qu’on peut se demander s’il n’y a pas un « désintérêt» des bailleurs de fonds et de la communauté internationale pour l’est du Congo alors que la situation demeure d’une extrême gravité.

Après la dernière vague de violence entre août et décembre 2007 au Kivu, due aux combats entre les 25 000 hommes des FARDC (Forces Armées de la RDC) et les 4 000 rebelles du général déchu Laurent Nkunda, le nombre total des déplacés est estimé aujourd’hui à plus de 800 000 personnes. Les accords de paix de janvier 2008 n’ont rien changé. Les civils sont toujours les premières victimes et les groupes armés ainsi que les militaires congolais continuent à exploiter illégalement les ressources naturelles et à se servir des profits engrangés pour alimenter le conflit.

Cédric Gerbehaye

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