Depuis 47 ans, la Colombie vit une guerre civile qui ne dit pas son nom. La lutte pour l’égalité et les idéaux politiques, qui divisa la société en deux, est aujourd’hui révolue. Un conflit ignoré, une société abandonnée et une réalité très peu réelle. La guerre en Colombie est un grand mensonge ; la seule vérité qui s’impose dans ce conflit est le trafic de drogue, qui entretient la guerre et provoque chaque année des milliers de morts. La Colombie est aveuglée par une guerre qu’elle ne veut pas reconnaître officiellement. C’est une société écartelée, qui vit la guerre dans sa chair tout en la considérant comme un vague problème d’insécurité issu d’un passé très lointain.

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La lutte des classes, la quête d’une identité révolutionnaire et d’une grande Colombie égalitaire sont désormais des rêves du passé. Les parties belligérantes ont recyclé les vieux idéaux de la lutte armée en slogans politiques éculés, qu’ils brandissent pour se justifier, les rares fois où la communauté internationale regarde la Colombie. Des départements comme Nariño, Huila, Tolima, Cauca, Choco, Caqueta et Meta sont aujourd’hui les fronts d’une guerre totale, délibérément occultée de l’image que la Colombie veut donner d’elle-même au reste du monde. Partout dans le pays, la guerre, la violence, l’intimidation et l’extorsion de fonds ont poussé des milliers de personnes à quitter leur terre et leur foyer. Pour rester en vie, ces civils anonymes, qui n’ont aucune existence puisque le pays nie le conflit, doivent se déplacer sans cesse. Dans cette société exsangue, les violations systématiques des droits de l’homme, commises par toutes les parties au conflit, ont donné naissance à de nouvelles générations imprégnées par la violence. Dans certaines régions, l’isolement, les inégalités sociales et le trafic de drogue (seule source stable de revenus) ont imposé la loi du silence comme la seule loi possible. Colombie, l’éternel déchirement est un projet qui cherche à montrer le drame et la schizophrénie de ce pays. Pour pouvoir soigner les blessures profondes infligées par un conflit complexe, vieux de près d’un demi-siècle, la Colombie a besoin de paix.

Alvaro Ybarra Zavala

Alvaro Ybarra Zavala

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