Je réalise depuis l’année 1992 une approche photographique sur la maladie mentale en Afrique noire. Mon principe de travail est d’approcher la sphère de ces personnages aliénés, de me confondre à eux, de vivre l’instant, puis d’essayer de comprendre au travers de mes images. La relation qui me lie aux malades mentaux est arrivée naturellement, ma sensibilité ne pouvait que m’y engager. Après avoir passé toute mon enfance en Côte d’Ivoire, le mythe qui entourait les “fous” d’Abidjan était grand et ne me laissait pas indifférent. Ainsi, dès que l’appareil photo fut dompté, c’est vers les aliénés que je décidai de m’orienter. Depuis, je n’ai jamais cessé de vouloir comprendre en multipliant mes rencontres dans les établissements spécialisés, puis, avec ceux livrés à eux- mêmes. La collaboration des médecins psychiatres locaux et européens m’a éclairé mais pas influencé.

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Je tenais à vous présenter ce témoignage personnel concernant des êtres fragiles et isolés que nul ne peut ignorer et auxquels je fus souvent confronté. Ma sensibilité, ma fascination, le besoin d’inspecter l’invisible, de comprendre, m’ont encouragé à photographier ces êtres malades, meurtris, qui subissent l’esprit malin… En Afrique, la désorganisation sociale provoquée par le développement des grandes agglomérations, les croyances diverses et fétichistes, la misère, l’auto-médication douteuse et l’utilisation de drogues en tout genre ne font qu’accroître le nombre de personnes atteintes de déviances mentales graves. Le regard personnel que je porte sur la maladie mentale ne s’arrête pas là, il faut parler aussi des conditions d’internement, la détresse des parents, le dévouement de certains médecins psychiatres et leurs conditions sommaires de travail que l’on peut facilement imaginer.

Vincent Fougère

Vincent Fougère

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