L’Amérique du Sud est une terre de contrastes. On y trouve la plus grande forêt tropicale de la planète et le désert le plus aride; toute la côte occidentale, de la Patagonie aux rivages des Caraïbes, est dominée par l’imposant massif de la Cordillère des Andes.

Dire qu’il s’agit de la plus longue chaîne de montagnes du monde ne suffit pas à expliquer ses gigantesques proportions. L’image de ses 8.500 kilomètres qui s’étendraient de San Francisco à Londres, de Paris à Pékin, ou de Melbourne à Tokyo, est plus parlante et donne une meilleure idée de son immensité.

La longueur du massif montagneux est telle que de nombreux habitants de l’Amérique du Sud hispanophone vivent soit au pied de la cordillère, soit sur ses flancs. Bref, bon nombre des peuples qui font la diversité de l’Amérique latine vivent grâce aux Andes ou malgré celles-ci.

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A mon départ, le 1er janvier 1995, mon projet était de sillonner la Cordillère du sud au nord, d'en comprendre les caprices, la générosité, la rugueur. Mon objectif était de découvrir sous toutes ses facettes cette amie d'enfance qui avait ouvert les portes de mon imagination.

Si ce voyage a été une aventure, il a aussi et surtout été une recherche d'identité, quête qui préoccupe beaucoup de Latino-Américains. En effet, nous ne sommes pas des Européens, et ne sommes pas tous des autochtones; nos pays n'ont pas encore eu le temps d'assimiler de façon définitive la diversité culturelle que l'Histoire nous a léguée.
Ce qui explique pourquoi les contrastes géographiques de notre continent nous servent souvent de point d'ancrage où nous puisons notre identité.

Je suis né dans les Andes, dans la ville coloniale de Cuenca, en Equateur. Les montagnes m'ont accompagné tout au long de ma vie, et je vis encore aujourd'hui à leurs pieds. Pour ceux d'entre nous qui sommes ses enfants, les montagnes sont vivantes. Nous les écoutons, apprenons à décoder leurs humeurs et respectons leur puissance.
Parfois, elles nous accueillent d'une étreinte rassurante. En d'autres occasions, elles tremblent avec fureur et nous savons qu'il faut rester à l'écart. Encore sacrées pour quelques personnes, elles communiquent l'âme de chacun d'entre nous, nous rappelant nos faiblesses. Nous sommes des millions, bruns ou blancs de peau, métis ou mulâtres, qui avons contribué à construire un continent fait de tristesse, de magie, mais aussi d'espoir indomptable.

Pablo Corral Vega

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