La Forestière est une résidence privée au coeur de Clichy-sous-Bois, construite dans les années 70 pour une population aisée. Elle est devenue, trente ans plus tard une des résidences les plus endettées de France, en raison de malversations liées à son administration. Les immeubles sont dégradés avec des problèmes de fuites en tout genre. Les rats rôdent dans les immeubles, les ordures jonchent les allées, seuls 4 ascenseurs fonctionnent sur 12 immeubles de 5 à 12 étages. Parfois il faut attendre plusieurs jours avant qu’ils ne soient réparés. Près de 3000 personnes issues de l’immigration habitent La Forestière. 50% des personnes sont au chômage. Les jeunes sont victimes de discrimination à l’embauche, ce qui leur fait perdre toute motivation. Certains ont trois diplômes et enchaînent des stages qui ne mènent à rien ou à l’ANPE (Agence Nationale Pour L’Emploi). D’autres travaillent à la mairie en temps qu’animateurs pour enfants ou enchaînent les petits boulots.

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A Clichy-sous-Bois, il n'y a pas de piscine, de cinéma, de commissariat, d’ANPE. Un seul bus rallie Clichy-sous-Bois au reste du monde, le 601. Il vous emmène à la ville voisine du Raincy, où l'on peut prendre le RER pour rejoindre le coeur de Paris ou encore le centre commercial de Rosny-sous-Bois. L'aller et retour pour Paris revient à presque 9 euros. Trop cher pour se payer un ticket tous les jours. Alors les jeunes passent leur temps dans la « Fofo », la « Forest », le « Ghetto », en jouant au foot dans le stade municipal ou à la Playstation devant la télé. Chômage, échec scolaire et problèmes familiaux forment un terrain propice à la délinquance. La débrouille pour trouver de l’argent, l’échange des bonnes adresses pour ne pas payer les vêtements au prix fort : l'entraide est importante entre jeunes. Ils forment une famille. Presque tous nés en France, ils trouvent injuste d’habiter ici. La conduite sans permis et le défaut d’assurance sont les délits les plus courants. D’autres commettent des délits plus graves, mais cela reste le fait d’une minorité. Très peu fument du haschisch, mais d’autres jeunes venant de cités voisines fument leur joint au pied de l’immeuble. Personne ne fumerait dans son immeuble au risque de rencontrer sa famille. Celui qui possède une voiture ou une moto a déjà beaucoup. Il peut se déplacer librement. Les deux roues sont précieusement garés sur le palier ou mieux encore sur le balcon. En novembre 2005, la résidence s’enflammait comme les autres cités voisines après l’électrocution accidentelle de deux jeunes qui tentaient de fuir la police. A La Forestière très peu de voitures ont brûlé. Les jeunes ont préféré l'affrontement dans la rue. En un an, les boîtes aux lettres ont été remplacées, les toitures ont été refaites pour stopper les inondations, mais aux yeux des jeunes, rien n’a changé, il n’y a toujours rien à faire, c'est tous les jours dimanche. Je remercie tous les habitants de La Forestière, pour leur hospitalité, leur gentillesse, et l'attention qu’ils ont portée à mon travail.

Eric Hadj

Eric Hadj

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