Bourse de production pour les femmes photojournalistes du ministère de la Culture

Mai 2019. En Inde, l’heure est au scandale après la révélation par des associations de l’État du Maharashtra de faits alarmants : chaque année, des milliers de femmes, toutes coupeuses de canne à sucre, sont victimes d’hystérectomies abusives.

Cette pratique a été généralisée voilà plusieurs dizaines d’années par des médecins du secteur privé afin de générer des profits. Même lorsque consultés pour des problèmes de santé bénins, ces praticiens amènent leurs patientes à croire qu’une ablation de l’utérus est nécessaire, profitant de leur méconnaissance de leur propre corps, et exécutent ainsi ces opérations à la chaîne, en toute impunité. Exerçant dans des cliniques privées, ils fixent alors librement le prix de l’intervention qui peut atteindre 600 euros, une véritable fortune pour ces femmes précaires. Si jusqu’aux années 1970 l’avortement représentait l’intervention la plus lucrative pour ces médecins, un meilleur accès aux méthodes contraceptives et à la stérilisation les a amenés à chercher une nouvelle manière de s’enrichir.

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Les femmes travaillant dans les plantations sont des cibles idéales : leur travail fait partie de l’économie informelle du pays et n’est donc encadré d’aucune législation, contrôlé par aucun syndicat et ne leur offre aucune protection sociale. Un travail par ailleurs particulièrement éprouvant physiquement, favorisant les problèmes de santé qui poussent les femmes entre les mains de ces médecins malveillants. Et leur calvaire ne s’arrête pas là puisque de nombreux employeurs des plantations de canne à sucre, les mukadams, n’hésitent pas à encourager cette opération dans le but de mettre fin à leurs menstruations et ainsi accroître leur productivité dans les champs. Tous ces abus s’inscrivent profondément dans la dynamique de privatisation de l’économie indienne et sa recherche accrue du profit.

À la suite de ces révélations, le gouvernement a créé en juin 2019 un comité chargé d’enquêter sur cette pratique dans le district de Beed, dans l’État du Maharashtra. Cette région est en effet le réservoir de la main-d’œuvre des plantations de canne à sucre du pays. L’extrême pauvreté de ses habitants ne leur laisse pas d’autre choix que de se faire employer comme coupeurs de cannes malgré des conditions de travail particulièrement précaires.

À ce jour cependant, seules des recommandations ont été émises par le comité, mais la mise en œuvre de mesures concrètes et de sanctions continue de se faire attendre. Et tandis que les associations pointent du doigt le lobby du secteur médical privé, le gouvernement semble regarder ailleurs, ne laissant présager que peu de changement pour ces femmes dont le corps est bafoué au nom du profit.

Chloe Sharrock

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