Lauréat·e : Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) 2019

Une ville assiégée n’est rien d’autre qu’une gigantesque prison, où les civils et leurs proches sont pris au piège. Seuls les rêves et les souvenirs permettent de s’échapper, l’espace d’un instant fugace. La réalité ressurgit inlassablement pour prendre sa revanche et nous replonger dans un gouffre d’horreurs et de souffrances quotidiennes. Le bruit des tirs d’artillerie et des frappes aériennes et le spectre de la mort envahissent tout, de même que la faim, le froid glacial, la flambée des prix et les pertes sans fin.

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Jusqu’à fin mars 2018, les bombes du gouvernement syrien soutenu par la Russie frappaient encore les villes et les villages de la Ghouta orientale, sans répit, semant la peur et la destruction comme jamais depuis le début du siège en 2013. En l’espace de deux mois à peine, le paysage et tous les points de repère ont totalement changé. Les mosquées, les hôpitaux et les écoles ont été détruits. Ces frappes étaient une forme de punition collective pour tous ceux qui vivaient sous le siège, et un avertissement adressé aux autres quartiers et villes rebelles. Les civils innocents, empêchés de quitter les abris pour mener leurs activités, étaient piégés et terrorisés par les bombardements incessants. Certains sont morts dans ces abris où ils pensaient être en sécurité.

La petite enclave de la Ghouta orientale, contrôlée par les brigades de l’opposition et quelques factions islamistes, justifiait, aux yeux de Bachar el-Assad, de mobiliser les vastes capacités militaires du régime, avec l’appui aérien des Russes, et d’avoir recours à tout type de munitions, tuant des milliers de civils innocents. Un grand nombre de combattants et de civils ont fini par être évacués de force vers le nord de la Syrie, après un accord injuste en vertu duquel plus de 60 000 habitants ont été contraints de quitter leurs maisons et leurs terres.

Pendant les années de siège, les journalistes étrangers n’ont pu pénétrer dans aucune des zones aux mains de l’opposition et encerclées par le régime d’Assad. Abdulmonam Eassa est à la fois le photojournaliste syrien qui a couvert le siège, et un civil syrien qui l’a enduré.

Abdulmonam Eassa

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