Il y a trois sortes d’êtres humains en Ukraine : les vivants, les morts et ceux qui les regardent.

Dimitar Dilkoff photographie l’Ukraine depuis 2014 et le déclenchement de la guerre, après l’annexion de la Crimée par les troupes russes et les premiers combats dans le Donbass entre soldats ukrainiens et séparatistes prorusses soutenus et armés par Moscou.

Photographe pour l’AFP à Sofia, il est arrivé en Ukraine en 2014. À l’époque, il s’agit d’arriver à Kiev, de rejoindre le Donbass, traverser la ligne de front et « passer » côté prorusse.

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Aujourd’hui, ses traits se sont un peu creusés mais il garde le même regard espiègle. Durant neuf ans, il a sillonné la ligne de front, puis « les » lignes de front, mais surtout les villages désertés par les habitants, les maisons aux murs éventrés, les caves peuplées d’enfants. Il a vécu au rythme des alertes aériennes, des heures passées sur la route, des repas partagés avec les habitants.

Donetsk, Izioum, Zaporijjia, Makiïvka : il a documenté le quotidien des civils vivant des deux côtés de la ligne de front, sous les obus et les roquettes tirés par les armées russe et ukrainienne. Il a photographié l’exode, les quais de gare, les dernières embrassades.
Qu’y a-t-il de commun entre une tranchée russe et une tranchée ukrainienne ? Tout. Une différence entre une cave de Mykolaïv et un abri antiaérien à Donetsk ? Aucune.

Les photos de Dimitar Dilkoff montrent la même humanité : des étreintes, des regards perdus, vides, des corps suppliciés. Et des croix en nombre, plantées au milieu d’une forêt ou d’un champ.

Karim Talbi, Rédacteur en chef Europe

Dimitar Dilkoff

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