
Cœur de Lion : l’histoire de Saleh
Deanne Fitzmaurice
Le 10 octobre 2003, alors qu’il rentrait de l’école, Saleh Khalaf, un jeune Irakien de 9 ans, a ramassé sur le bord de la route un objet qui lui semblait être un jouet en forme de balle. Quelques secondes plus tard, l’objet a explosé et lui a ouvert l’abdomen, arraché les mains, crevé l’œil gauche, et a blessé mortellement son frère aîné.
« Cœur de Lion : l’histoire de Saleh » retrace le parcours de ce courageux garçon irakien sur vingt années, entre l’événement qui a changé à jamais le cours de sa vie et les combats et joies qu’il connaît aujourd’hui.
Quelques jours après l’accident, le père de Saleh, Raheem, a convaincu les médecins d’une base de l’armée de l’air américaine en Irak d’opérer en urgence son fils pour le maintenir en vie. C’est le début d’une mission humanitaire internationale pour sauver le garçon dont l’esprit indomptable lui a valu le surnom de « Cœur de Lion ». Mission qui conduira Saleh et Raheem à l’hôpital pour enfants d’Oakland, en Californie, pour des soins. Après plusieurs mois et des dizaines d’opérations, l’état de Saleh a commencé à s’améliorer mais son cœur restait lourd. Il priait pour retrouver un jour sa mère, Hadia, et ses jeunes frères et sœurs en Irak. Raheem et Saleh ont obtenu l’asile et, peu après, leur famille a été autorisée à les rejoindre aux États-Unis. En décembre 2004, Hadia et les enfants ont quitté l’Irak et entrepris le pénible voyage jusqu’à Oakland pour y commencer une nouvelle vie.
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Tout au long de son adolescence, Saleh a connu des hauts et des bas dans sa vie aux États-Unis. On lui a posé une prothèse de bras, mais elle était encombrante et inconfortable, alors il l’a laissée de côté et a fait de son mieux sans ses mains. Devenu jeune adulte, il est resté positif et nourrissait des rêves et des espoirs pour l’avenir : un bon emploi, la stabilité, et peut-être fonder une famille.
En 2017, la mère de Saleh lui a présenté une jeune Irakienne, la fille d’un ami, nommée Fatima. Après l’avoir courtisée en ligne pendant un an, il est retourné en Irak et l’a épousée. Il espérait pouvoir suivre les procédures administratives habituelles pour la faire venir aux États-Unis, mais le décret anti-immigration « Muslim Ban » est entré en vigueur à ce moment-là et il a fallu attendre quatre ans pour qu’elle puisse enfin le rejoindre en décembre 2022.
En 2024, Mohammed est né, apportant une joie nouvelle à Saleh et Fatima. Être un bon père pour son fils est primordial pour Saleh, déterminé à subvenir aux besoins de sa famille malgré les difficultés constantes auxquelles il est confronté. Les emplois nécessitant la saisie manuelle de données ou l’utilisation d’un clavier sont difficiles. Il a tenté de suivre des cours de graphisme, mais a finalement dû abandonner parce qu’il ne pouvait pas appuyer sur plusieurs touches de l’ordinateur en même temps. Il a trouvé un emploi d’agent de sécurité jusqu’à ce que le poste soit supprimé.
Ce qui n’était au départ que l’histoire du combat personnel de Saleh a évolué vers un récit plus large sur les effets cruels de la guerre sur les civils. À travers l’expérience de Saleh, ce projet aborde les thèmes du traumatisme, de la résilience, de la guérison et de l’espoir, et livre un compte rendu intime des défis à long terme de la reconstruction d’une vie après la guerre.
Deanne Fitzmaurice
Projet réalisé avec le soutien de la Bourse W. Eugene Smith 2024.