La série Contaminations, exposée ici à Visa pour l’Image en 2018, proposait une réflexion sur des pollutions industrielles irrémédiables transformant, pour des siècles, des territoires en zones impropres au développement de la vie. Je suis rentré de ce tour du monde réalisé pour ce travail profondément changé, imprégné par l’urgence environnementale : mobilisé.
J’ai cherché alors comment aborder la représentation du changement climatique. Nous le savons, l’ours polaire dérivant sur son iceberg qui fond ne réussit pas à sensibiliser l’opinion. Ces images sont sûrement trop lointaines, elles ne parviennent pas à affecter nos préoccupations intimes ni à changer nos modes de vie. Les catastrophes se multiplient sous nos yeux, dans le flux permanent des images.
En enquêtant sur la catastrophe des incendies de la ville de Paradise en Californie, j’ai pu constater combien, malgré l’information permanente que nous recevons sur le sort global du monde, la sidération et le déni restaient de mise. Mais alors, quel langage photographique trouver pour traduire le global dans l’intime ?

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Avec la pandémie de Covid, la question du déplacement est devenue centrale. Parcourir le monde pour réaliser des images d’événements climatiques, déjà diffusées sur les réseaux par ceux qui les vivent, posait une question de cohérence majeure. Dans la permanence des images, est-il éthiquement justifié d’emprunter des dizaines d’avions pour aller, moi, photographier une planète qui est documentée, au plus près et de manière continue ?
J’ai donc décidé de rechercher, sur les réseaux, quelles images postaient ceux qui étaient atteints par la catastrophe, des États-Unis à la Chine, du Brésil à la Grèce, du Mexique à la France…
#paradise est constitué de photographies d’écrans qui donnent à voir et à lire parmi les images conversationnelles des réseaux sociaux, Facebook, Instagram, X, TikTok ou encore Truth Social, les réceptions intimes de la catastrophe. On y lit le drame, la sidération, le déni, l’aveuglement individualiste, l’inconvenance du selfie, le complot, le mysticisme : l’Humanité.
À la manière des Archives de la Planète d’Albert Kahn ou des « real photos postcards » que les Américains s’envoyaient au début du XXe siècle, #paradise échafaude une archive de la catastrophe climatique.

Commissariat : Samuel Bollendorff

Samuel Bollendorff

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©Guillaume Herbaut / Institute
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