La tragédie de Gaza
Loay Ayyoub
The Washington Post
Lauréat·e : Visa d'or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2024
Lauréat du Visa d’or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2024
Le 7 octobre 2023, des militants du Hamas traversaient la frontière pour lancer une offensive sans précédent contre Israël, tuant plus de 1 200 personnes et prenant près de 250 otages. En réaction, Israël a déclaré la guerre au Hamas et déclenché l’un des conflits les plus dévastateurs du XXIe siècle, causant la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes, provoquant le plus grand déplacement dans la région depuis la création d’Israël en 1948, et faisant sombrer plus de la moitié de la population dans la famine.
Durant cinq mois, du premier jour de la guerre jusqu’à ce qu’il trouve refuge en Égypte fin février 2024, le photographe Loay Ayyoub a couvert la crise humanitaire à Gaza pour The Washington Post. Dans la ville de Gaza, où ses parents et grands-parents se trouvent encore aujourd’hui, il a commencé à prendre des photos alors qu’Israël détruisait une grande partie de la ville à coups de frappes aériennes.
Comme des centaines de milliers de Gazaouis, Loay a été forcé de fuir, d’abord à Khan Younès où il a trouvé refuge avec une dizaine d’autres journalistes et photographes dans la cour de l’hôpital Nasser. Ils y ont partagé des tentes, la nourriture et les précieuses connexions Internet qui leur permettaient d’envoyer leurs images et dépêches au reste du monde.
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Loay et ses confrères ont passé des semaines à se précipiter vers les sites pilonnés par les frappes aériennes, escaladant des montagnes de débris tandis que les secours cherchaient des survivants et les corps des victimes, dont de nombreux enfants. Ils ont documenté le chaos devant les hôpitaux de Gaza où les pères et mères, les oncles et tantes, les frères et sœurs et d’autres parents portant leurs proches dans les bras venaient chercher de l’aide auprès d’infirmiers et de médecins exténués et à court de ressources.
Alors qu’Israël étendait sa campagne militaire dans tout Gaza, Loay n’a eu d’autre choix que de rejoindre les masses de réfugiés forcés de fuir les combats à Khan Younès, et de se rendre à Rafah où plus de 1,5 million de personnes étaient entassées dans des camps de réfugiés dans une ville de la taille de Perpignan (qui compte seulement 120 000 habitants). Israël a continué de restreindre l’aide apportée à la bande de Gaza, et le Programme alimentaire mondial a estimé que les deux tiers des habitants de Gaza étaient frappés par une « véritable famine » et que des centaines de milliers d’enfants souffraient de malnutrition et de déshydratation.
Lorsque les conditions de sécurité n’ont plus permis à Loay de faire son travail de journaliste, il a pu quitter Gaza et entrer en Égypte fin février 2024. Depuis le 7 octobre 2023, plus de cent journalistes ont été tués à Gaza. Loay Ayyoub a trouvé refuge en Égypte, et si son travail de documentation sur le conflit à Gaza et ses répercussions a pris fin, la situation à Rafah et dans toute la bande de Gaza n’a fait que s’aggraver.
« Montrer la crise humanitaire à laquelle sont confrontées les populations civiles de Gaza, témoigner de leurs difficultés à accéder aux soins et à la protection était mon objectif au quotidien et mon devoir en tant que photographe. »
Loay Ayyoub